INDE - Actualité (1990-1996)

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République de l’Inde

Politique intérieure

Le 19 janvier 1990, le Premier ministre (Janata Dal) Vishwanath Pratap Singh place le Cachemire sous le contrôle de l’administration centrale, afin de faire face à l’agitation des indépendantistes musulmans. Le Cachemire est divisé depuis l’éclatement de l’empire des Indes en 1947: passé en 1949 sous administration pakistanaise au nord et indienne au sud, il reste pour ces 2 pays un objet permanent de conflit que 3 guerres n’ont pu régler, la majorité des Cachemiris souhaitant soit l’indépendance, soit le rattachement au Pakistan, pays de religion musulmane comme 95 p. 100 d’entre eux. Le 25, l’armée indienne occupe Srinagar et tire sur la population, faisant au moins 24 morts.

Le 21 mai, Maulvi Farooq, le plus haut dignitaire religieux de la communauté musulmane du Cachemire, est assassiné à Srinagar. Alors que ses partisans transportent sa dépouille, des troupes paramilitaires tirent sur la foule, sans sommation, tuant une centaine de personnes.

Le 5 novembre, près de la moitié des députés du Janata Dal font sécession, avec Chandra Shekhar à leur tête. Le 7, Vishwanath Pratap Singh est battu lors d’un vote de confiance. Chandra Shekhar devient Premier ministre le 9.

Le 6 mars 1991, le Premier ministre présente la démission de son gouvernement après que le Parti du Congrès lui eut retiré son soutien. Le 13, le président Ramaswamy Venkataraman décide la dissolution de la Chambre des députés et annonce des élections anticipées.

Le 21 mai, l’ancien Premier ministre Rajiv Gandhi (Parti du Cogrès) est tué par l’explosion d’une bombe, près de Madras. L’émotion est considérable dans toute l’Inde. L’attentat, qui n’est pas revendiqué, est commis par une femme soupçonnée d’appartenir aux Tigres de la libération de l’Eelam tamoul. Le 29, P. V. Narasimha Rao est élu président du Parti du Congrès.

Les 12 et 15 juin, les élections législatives, qui avaient débuté le 20 mai et qui avaient été reportées après l’assassinat de Rajiv Gandhi, se terminent dans la violence, avec notamment le massacre de 76 passagers d’un train attaqué par des extrémistes sikhs. Le Parti du Congrès progresse légèrement en obtenant 223 sièges (+ 30) sur un total de 511, contre 119 (+ 31) au Bharatiya Janata Party (B.J.P., promoteur de la culture et de la religion hindoues), 52 (– 89) au Janata Dal et 48 (+ 4) aux 2 Partis communistes. Le 21, P. V. Narasimha Rao est nommé Premier ministre.

Le 19 février 1992, les premières élections depuis 1985 ont lieu au Pendjab, État peuplé de 60 p. 100 de sikhs. Le terrorisme sikh a fait plus de 15 000 morts depuis 1983 dans cet État, placé depuis mai 1987 sous l’administration directe de New Delhi. Les séparatistes et les régionalistes ayant appelé au boycottage du scrutin, le taux d’abstention est d’environ 72 p. 100. Aussi le Parti du Congrès obtient-il 85 des 117 sièges de l’assemblée locale du Pendjab, ainsi que 11 des 13 sièges de représentants de l’État au Parlement fédéral.

Le 6 décembre, des fondamentalistes hindouistes détruisent la mosquée de Babur, à Ayodhya (État d’Uttar Pradesh), l’une des 7 villes saintes de l’hindouisme. L’édifice, bâti au XVIe siècle, aurait occupé l’emplacement d’un ancien temple hindou dédié au dieu Rama. Le B.J.P. avait déjà lancé une croisade hindouiste contre la mosquée en septembre 1990. Les forces de l’ordre n’interviennent pas. Le Premier ministre fédéral P. V. Narasimha Rao démet aussitôt le Premier ministre (B.J.P.) de l’Uttar Pradesh de ses fonctions et place l’État sous administration directe de New Delhi. Le 7, des émeutes anti-indiennes éclatent dans plusieurs pays musulmans. En Inde, les affrontements entre hindouistes – 82 p. 100 de la population – et musulmans – 11 p. 100 – se poursuivent durant plusieurs jours, causant la mort de plus de 1 100 personnes; 8 des principaux dirigeants hindouistes sont arrêtés le 8. Le 10, plusieurs organisations hindouistes et musulmanes fondamentalistes sont interdites. Le 15, le Premier ministre dissout les assemblées régionales des 3 autres États contrôlés par le B.J.P.

Le 12 mars 1993, une série d’attentats à la bombe frappe le quartier des affaires de Bombay, faisant 300 morts.

Le 30 septembre, un séisme ravage la province occidentale du Maharashtra, faisant plus de 20 000 morts.

Le 16 novembre, le siège de la mosquée de Srinagar, entamé le 15 octobre, prend fin avec la reddition des séparatistes musulmans cachemiris qui y étaient retranchés.

Le 24 décembre 1994, le ministre des Ressources humaines, Arjun Singh, principal rival du Premier ministre P. V. Narasimha Rao au sein du Parti du Congrès, démissionne pour protester contre la corruption du pouvoir. Le Premier ministre avait tardé à limoger 3 ministres impliqués de longue date dans des scandales.

En mai 1995, un certain nombre de membres du Parti du Congrès, dont Arjun Singh, entrent en dissidence. Ils reprochent au gouvernement de mener une politique «anti-pauvres».

Le 10 mai, Sharar-e-Sharif, une ville de 30 000 habitants de l’État de Jammu-et-Cachemire, est détruite par un incendie à l’issue d’affrontements meurtriers entre l’armée et les séparatistes musulmans retranchés dans un sanctuaire soufi depuis mars.

Le 13 août, l’un des 5 Occidentaux pris en otages en juillet par des séparatistes cachemiris – un Norvégien – est retrouvé décapité; 1 Américain, 1 Allemand et 2 Britanniques restent aux mains des rebelles qui réclament la libération de 15 des leurs emprisonnés. Ces 2 derniers événements susciteront de nouveaux regains de tension entre l’Inde et le Pakistan.

En janvier 1996, la révélation d’un scandale majeur relatif à des opérations frauduleuses sur les changes entraîne, les mois suivants, la démission de plusieurs ministres membres du Parti du Congrès. Le président du B.J.P., Lal Krishna Advani et même le Premier ministre Narasimha Rao sont soupçonnés d’être impliqués dans cette affaire de corruption.

Le 7 mai, le B.J.P., principale formation de l’opposition, remporte les élections législatives qui avaient débuté le 27 avril. Il obtient 160 sièges sur 537, contre 136 pour le Parti du Congrès du Premier ministre, qui démissionnera le 10. La coalition de gauche du Front uni, dirigée par l’ancien Premier ministre Vishwanath Pratap Singh, s’impose comme troisième force, avec 111 élus. Le 16, le président Shankar Dayal Sharma nomme Premier ministre le vice-président du B.J.P., Atal Bihari Vajpayee. Le 28, celui-ci, dans l’incapacité de rassembler une majorité, renonce. Deve Gowda, membre du Janata Dal et candidat du Front uni, lui succède.

Vie économique

En 1990, l’Inde est frappée de plein fouet par la crise du Golfe: la facture pétrolière s’alourdit et les transferts de fonds des quelque 240 000 travailleurs indiens expatriés en Irak et au Koweït sont interrompus.

En juillet 1991, le gouvernement présente un plan d’austérité accompagné d’un ambitieux programme de libéralisation économique: le secteur privé est largement ouvert aux investissements étrangers. Les mesures d’ajustement, adoptées à l’instigation du F.M.I., permettent de modérer le taux d’inflation, de réduire le déficit commercial et de reconstituer les réserves de change.

En 1993, l’économie réalise une assez bonne performance, due aux conditions météorologiques favorables, qui ont permis une augmentation de la production céréalière, et aux retombées des réformes lancées par le gouvernement de P. V. Narasimha Rao. L’ouverture progressive de l’Inde à l’économie libérale continue de stimuler les investissements étrangers.

En 1994, la situation économique connaît une relative amélioration, sans que le rythme des réformes laisse envisager un décollage comparable à celui de nombre de ses voisins asiatiques. Une réforme fiscale est entreprise, les droits de douanes abaissés, les marchés progressivement libéralisés et ouverts aux capitaux étrangers, les restrictions sur le crédit supprimées; mais, par ailleurs, le marché de l’emploi reste très rigide et le gouvernement est peu favorable à l’abandon du contrôle des entreprises publiques. Le déficit budgétaire et l’inflation se maintiennent à des niveaux élevés.

En 1995, l’orientation de la politique économique est liée à des impératifs de politique intérieure avant les élections de 1996. Des mesures sont notamment adoptées en faveur des plus défavorisés. Une poussée inflationniste conduit la banque centrale à relever ses taux, ce qui ne suffit pas à freiner les importations. L’affaiblissement de la roupie, stable depuis 2 ans, provoque l’intervention des autorités monétaires, qui doivent également faire face à une crise de liquidités dans le secteur bancaire.

En 1996, l’arrivée au pouvoir d’une coalition de gauche freine l’application des réformes libérales. Ce ralentissement de la mise en œuvre de l’économie de marché conduit à des résultats décevants: le déficit budgétaire reste élevé, la croissance fléchit, les exportations baissent, les privatisations piétinent et le haut niveau des barrières douanières est maintenu.

Relations internationales

Le 24 mars 1990, le retrait du corps expéditionnaire indien au Sri Lanka s’achève, comme prévu par l’accord entre les 2 pays signé le 18 septembre 1989.

Du 11 au 16 décembre 1991, Li Peng est le premier chef de gouvernement chinois à effectuer une visite officielle en Inde depuis 1960. La question des frontières contestées, qui a entraîné un conflit armé entre les 2 pays en 1962, se trouve au centre des entretiens, sans qu’aucun progrès notable ne soit enregistré à ce sujet.

Du 27 au 29 janvier 1993, visite du président russe. Un traité d’amitié bilatéral est signé. Boris Eltsine rassure les dirigeants indiens à propos de la continuité des relations russo-indiennes après l’éclatement de l’U.R.S.S. Le traité d’amitié et d’assistance mutuelle, signé pour 20 ans en 1971, a été renouvelé en 1991. Les relations privilégiées entre les 2 pays datent de l’époque de la guerre froide.

Les 2 et 3 janvier 1994 à Islamabad (Pakistan), sous la pression des États-Unis qui redoutent une guerre nucléaire dans la région, l’Inde et le Pakistan abordent la question du Cachemire, peuplé en majorité de musulmans et dont la partie administrée par l’Inde, le Jammu-et-Cachemire, est le théâtre d’une rébellion séparatiste; mais les pourparlers aboutissent à une impasse. Le 10 mars, accusée de manquer au respect des droits de l’homme au Jammu-et-Cachemire, l’Inde refuse à une mission d’Amnesty International l’entrée dans la région.

Le 26 décembre, Islamabad réclame la fermeture du consulat indien à Karachi, capitale économique du Pakistan, où un regain de violence intercommunautaire est observé depuis le début du mois. Cet incident constitue un épisode supplémentaire de l’escalade entre les 2 pays, Islamabad accusant l’Inde de fomenter le terrorisme dans le Sind et New Delhi adressant les mêmes critiques au Pakistan au sujet de l’agitation dans le Cachemire.

Le 17 avril 1995, le président iranien Ali Akbar Hachemi Rafsandjani entame une visite de 2 jours en Inde où il est reçu avec tous les honneurs.

Le 5 avril 1996, Evgueni Primakov effectue la première visite d’un ministre des Affaires étrangères russe en Inde depuis la disparition de l’U.R.S.S.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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